Le metrage immobilier en Côte d’Ivoire représente un enjeu fondamental souvent sous-estimé. Plus généralement dans le contexte africain en pleine mutation urbaine, l’évaluation rigoureuse des surfaces immobilières (autrement dit du metrage immobilier) représente un enjeu stratégique, qui paradoxalement, se retrouve négligé. En effet, au-delà d’une simple mesure technique, la détermination précise des mètres carrés des biens immobiliers constitue la pierre angulaire de tout projet réussi dans ce domaine sur le continent.
Que l’on soit du côteur vendeur (promoteurs immobiliers, agences immobilières, agents indépendants) ou acheteur (investisseur, particulier, etc.), chaque mètre carré devient un capital précieux. Leur valorisation exacte conditionne non seulement la rentabilité des investissements, mais aussi la conformité légale des constructions, ainsi que la satisfaction de toutes les parties prenantes. De ce fait, le metrage immobilier constitue un facteur de sécurisation des investissements dans un marché caractérisé par son potentiel, mais aussi par ses incertitudes.
Face à cette réalité, Loïc Goma-Taty, expert en metrage a bien voulu nous éclairer sur la question du metrage en immobilier et ses enjeux pour le continent, notamment en Côte d’Ivoire où il est installé depuis plusieurs mois :
ImmoLink : Bonjour Loïc, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Loïc : Bonjour, je suis Loïc Goma Taty, Directeur Général de Dito Travaux. Je suis spécialisé dans le chiffrage des travaux architecturaux et la coordination de chantiers de rénovation, en particulier après des
sinistres, entre la France et la Côte d’Ivoire.
ImmoLink : Comment avez-vous débuté dans cette profession du metrage immobilier ?
Loïc : J’ai commencé par une alternance dans une entreprise spécialisée dans la rénovation TCE après
sinistre, en tant que métreur/deviseur. Par la suite, j’ai travaillé comme métreur terrain dans plusieurs entreprises. Cela m’a permis d’acquérir une expérience concrète sur le terrain. J’ai ensuite élargi mes compétences en économie de la construction avant de créer Dito Travaux. Mon objectif en créant cette entreprise est de structurer une offre adaptée aux besoins techniques en France et en Afrique.
ImmoLink : En effet, vous avez une expérience assez pointu sur le sujet des mètres carrés ! Quelle est votre méthode pour garantir la précision des mesures que vous prenez ?
Loïc : Je m’appuie sur des relevés laser, une saisie rigoureuse, une vérification croisée avec les documents existants si possible (plans, photos…), et un contrôle final au bureau. Chaque étape est pensée pour limiter les marges d’erreur.
ImmoLink : Et comment procédez-vous pour mesurer des biens atypiques ou complexes qui peuvent être compliqués à mesurer ?
Loïc : Je fais systématiquement au moins deux fois le tour complet du bien. Cela me permet non seulement d’observer les particularités, d’identifier les incohérences et mais également d’adapter mon relevé. J’utilise aussi des outils numériques pour modéliser les volumes et valider les données recueillies sur place.
ImmoLink : Quelles sont les spécificités et défis du métrage immobilier que vous avez pu observer en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire ?
Loïc : Vous savez le marché africain est très hétérogène, allant de petits biens immobiliers à de grandes propriétés. Par conséquent, cela demande au métreur de s’adapter rapidement et de savoir gérer des configurations souvent uniques, sans standards stricts.
ImmoLink : Existe-t-il des différences significatives entre les méthodes de métrage en Afrique et
celles d’autres continents selon vos observations ?
Loïc : Les outils sont généralement les mêmes (laser, télémètre, mètre ruban…), mais les normes et les unités diffèrent. Dans certains pays anglophones, on utilise encore le système impérial (pouces, pieds, yards). Cette methode nécessite une conversion rigoureuse pour les métrés. De ce fait, Il est essentiel de maîtriser les contextes locaux pour assurer la cohérence des données.
ImmoLink : Pour un investisseur étranger notamment venant d’occident, les notions de surface habitable et surface utile sont très importantes. Comment ces notions sont-elles interprétées en Afrique selon votre lecture du marché ?
Loïc : La surface habitable se réfère aux espaces réellement utilisables à des fins d’habitation, tandis que la surface utile inclut aussi certaines annexes. En Afrique, ces notions ne sont pas toujours formalisées dans la pratique courante. Elles existent plus dans les plans d’architectes, que dans le langage immobilier courant. Il faut donc bien garder cette particularité en tête lorsqu’on vient investir dans l’immobilier en Afrique, et poser toutes les questions à ce sujet. En particulier lorsqu’on achète directement auprès de particuliers ou d’agences immobilières.
ImmoLink : Quelles sont les erreurs de métrage les plus fréquentes que vous avez pu rencontrer ?
Loïc : Les erreurs courantes dans le metrage immobilier en Côte d’Ivoire, sont souvent liées à des approximations ou à des oublis : des pièces non mesurées, des murs irréguliers non pris en compte, ou encore l’utilisation d’outils non étalonnés. Un oeil technique, rigoureux, et une vérification systématique permettent en effet d’éviter ces écueils.
ImmoLink : Comment gérez-vous l’absence de documentation ou de plans pour certains bâtiments ?
Loïc : Dans ce cas, je procède à un relevé intégral sur place, puis je reconstitue les plans avec des outils de DAO (Dessin Assisté par Ordinateur). Ce travail minutieux permet d’avoir une base fiable pour tout chiffrage ou projet de rénovation.
ImmoLink : Quel est l’impact d’un métrage précis sur la valeur d’un bien immobilier ?
Loïc : Un métrage précis donne une image réaliste et valorisante du bien. Il limite les litiges, renforce la transparence dans les transactions, et permet une estimation plus juste. Cela influe aussi sur les déclarations fiscales, les assurances, ou les travaux à venir.
ImmoLink: Comment voyez-vous l’évolution du métier de métreur immobilier, notamment en
Afrique ?
Loïc : Le métier se digitalise et gagne en précision. En Afrique, cela ouvre des perspectives intéressantes. Certains outils comme les scanners 3D restent coûteux, mais leur usage tend à se développer progressivement.
ImmoLink : Quels conseils donneriez-vous aux propriétaires pour mieux comprendre les métrages
de leurs biens ?
Loïc : Je leur conseille de faire réaliser un relevé complet avant toute décision importante : vente, rénovation, extension… Comprendre la différence entre les types de surfaces, poser des questions sur les méthodes de calcul et demander une représentation claire (plans, métrés) permet de prendre de meilleures décisions.
ImmoLink : Comment les professionnels de l’immobilier peuvent-ils mieux collaborer avec les
métreurs ?
Loïc : En sollicitant le métreur en amont, dès la prise de mandat ou l’estimation du bien. Cela leur permet de sécuriser les données diffusées, de mieux conseiller leurs clients, et de valoriser le bien avec des informations fiables. C’est une collaboration qui, j’en suis convaincu, doit s’inscrire dans la durée.
ImmoLink : Où et comment vous joindre Loïc ?
Loïc : Vous pouvez me contacter par email à ditotravaux@gmail.com ou via LinkedIn. Je suis disponible pour échanger avec les clients particuliers comme avec les professionnels du secteur, et intervenir sur site sur Abidjan selon les besoins.
ImmoLink : Merci Loïc !
Loïc Goma-Taty pour ImmoLink
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