Emprunter en Afrique de l’Ouest : pourquoi si cher ?

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OBSIAO (l’Observatoire Immobilier de l’Afrique de l’Ouest) pour ImmoLink

                       

Un marché immobilier africain freiné par des prêts à taux exorbitants

Imaginez obtenir un prêt immobilier à 20% d’intérêt. Pour les investisseurs européens, c’est impensable ! Pour les acteurs du marché immobilier africain, c’est la réalité quotidienne.

Cette situation explique pourquoi la majorité des projets immobiliers en Afrique de l’Ouest sont financés sur fonds propres, s’étalant souvent sur plusieurs années selon l’épargne disponible.En effet, les prêts immobiliers en Afrique sont très souvent le parcours du combattant.

Les conséquences sont lourdes :

  • Déficit critique de logements actuel et futur
  • Potentiel inexploité du secteur immobilier africain
  • Fuite des investisseurs internationaux vers des marchés plus financiarisés

Mais pourquoi les prêts immobiliers sont-ils si chers en Afrique de l’Ouest ? Notre analyse dévoile les mécanismes derrière ces taux prohibitifs.

Les facteurs clés des prêts immobiliers aux taux d’intérêt élevés en Afrique de l’Ouest

1. Des taux directeurs structurellement élevés

En septembre 2023, la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a augmenté son taux directeur de 3% à 3,25%. Contrairement à l’Europe qui a connu des périodes de taux négatifs (2014-2022), l’Afrique de l’Ouest maintient historiquement des taux plus élevés.

Ces taux reflètent :

  • La défiance des institutions financières envers la stabilité économique des pays membres de l’UEMOA
  • Les risques politiques (coups d’État, terrorisme, conflits)
  • Une solvabilité fragile des États due à des recettes fiscales limitées
  • La nécessité de maintenir la parité fixe du franc CFA avec l’euro

Paradoxalement, le taux directeur de la BCEAO (3,25%) reste inférieur à celui de la BCE (4,75%). Pourtant, les taux appliqués sont bien plus élevés :

  • 8% au Sénégal
  • 10% en Côte d’Ivoire
  • 17% au Nigeria

2. Des marges bancaires importantes pour compenser des coûts opérationnels élevés

Les banques ouest-africaines peinent à trouver un modèle économique rentable, confrontées à :

  • Des coûts opérationnels élevés liés au modèle d’agences physiques
  • Une faible numérisation entraînant des besoins importants en personnel
  • Des coûts de transport d’argent liquide prohibitifs
  • Un taux de bancarisation limité à 20% dans la zone UEMOA

3. Une prime de risque significative

Les banques appliquent une prime de risque particulièrement élevée pour les particuliers et PME du secteur immobilier due à :

  • L’absence de protection sociale (pas ou peu d’allocation chômage)
  • La dépendance des PME à un nombre restreint de clients
  • L’absence de système centralisé de notation des emprunteurs

4. Une prime de longue durée pour les crédits immobiliers

Les prêts immobiliers à long terme sont pénalisés par :

  • Le manque de dépôts à long terme dans les banques (77% des dépôts sont à moins de 2 ans)
  • La méfiance persistante depuis la crise bancaire de la zone CFA des années 1990
  • La fuite des capitaux vers l’étranger ou vers les fonds de pension anglophones

5. Un système hypothécaire défaillant

Les garanties hypothécaires, essentielles au crédit immobilier, sont sous-utilisées en raison de :

  • Systèmes de publicité foncière déficients
  • Incertitudes sur les droits fonciers
  • Lenteurs et lacunes judiciaires compliquant les saisies immobilières
  • Manque d’expertise des banques en évaluation immobilière
  • Opacité des prix du marché immobilier

Solutions et perspectives d’avenir

Pour améliorer l’accès au crédit immobilier en Afrique de l’Ouest, plusieurs innovations seraient nécessaires :

  • Développement d’une plateforme d’estimation immobilière type Meilleursagents.com
  • Création de centrales de risques pour évaluer la solvabilité des emprunteurs
  • Digitalisation accrue des services bancaires pour réduire les coûts
  • Réforme des systèmes fonciers pour sécuriser les transactions
  • Modernisation des procédures judiciaires liées aux saisies immobilières

Conclusion

L’inaccessibilité du crédit immobilier en Afrique de l’Ouest résulte d’un cercle vicieux de méfiance : banques centrales envers États, banques commerciales envers particuliers et entreprises, épargnants envers institutions financières.

Briser ce cycle représente un enjeu majeur pour le développement du continent, où le déficit de logements atteint des proportions critiques. Les solutions existent, mais nécessitent des réformes profondes du système financier et judiciaire.

Pour approfondir

  • Étude « Enhancing Financial Innovation and Access (EFInA) », 2016
  • BCEAO, Conditions débitrices appliquées par les établissements de crédit de l’UMOA, 2023
  • Étude « Réduire le coût élevé des taux d’intérêts du financement du logement en Afrique », Michael Fuchs, 2019
  • Communiqué de presse de la BCEAO du 6 septembre 2023

OBSIAO – L’Observatoire Immobilier d’Afrique de l’Ouest https://obsiao.com/

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